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[Presse] Une nuit de Nata

par Lieven Callant dans la revue Traversées : "La nuit sauvage où les ombres prennent vie et nous confrontent à nos peurs, à nos espoirs, à nos souvenirs est au cœur du livre. Nuit qui arbore étoiles, parfums d'une nature qui au delà des limites du village semble avoir retrouvé son état dur et intransigeant où proies et prédateurs se confrontent, où chaque mouvement, chaque décision est une épreuve lourde de conséquences en cascade. Nuit qui invite la mort au chevet des malades, qui plante en nous la blessure de l'absence. Nuit savante et magique qu'on consulte et qui couvre nos fuites, effacera peut-être nos blessures."

Chronique parue en novembre 2016 sur le site de la revue Traversées

"Trois personnages ont à traverser la nuit. La nuit qui sous les traits d'un animal sauvage, probablement un grand félin, pourrait être considérée comme le quatrième personnage de ce très beau roman. Benoît Reiss n'hésite pas à nous laisser partager le point de vue singulier de la bête qui a pris en chasse Nata sans qu’elle s'en aperçoive.

La nuit sauvage où les ombres prennent vie et nous confrontent à nos peurs, à nos espoirs, à nos souvenirs est au cœur du livre. Nuit qui arbore étoiles, parfums d'une nature qui au delà des limites du village semble avoir retrouvé son état dur et intransigeant où proies et prédateurs se confrontent, où chaque mouvement, chaque décision est une épreuve lourde de conséquences en cascade. Nuit qui invite la mort au chevet des malades, qui plante en nous la blessure de l'absence. Nuit savante et magique qu'on consulte et qui couvre nos fuites, effacera peut-être nos blessures.

Nata est une petite fille qui profitant de l'invitation de la nuit s'échappe de la maison à l'intérieur de laquelle sa marraine Tanaté est en train de mourir. Un animal sauvage la guette et la suit. Nata retrouve en elle la force d'affronter les épreuves malgré leur noirceur et leur opacité. La vie ne donne pas toutes les réponses à nos pourquoi pourtant il faut avancer.

Tanaté revit ses souvenirs d'enfance, la cour de l’école et son mur décoré. Tanaté vit ses derniers moments, allongée sur le lit, elle râle, elle divague, elle suffoque. La nuit invite la mort à roder près de son lit. Comme la nuit n'est que le prolongement du jour, la mort est celui de la vie. La nuit est propice aux rêves, la nuit les mélange aux souvenirs, à la réalité qui peu à peu nous échappe.

Gémo est ambulancier et veut créer une compagnie ambulancière pour ce pays qui n’a pas de routes mais des pistes qui rendent les accès aux différents villages extrêmement pénibles et dangereux. Il roule la nuit malgré la difficulté de la tâche. On l'a appelé pour aller chercher un malade.

Benoît Reiss joue sur la répétition de mots et du prénom de Nata auquel fait écho Tanaté. Il crée ainsi grâce au rythme qu'il dicte aux destins de ses personnages l'atmosphère propre à la nuit. Nuit de l'indécision. Nuit qui nous perd et nous force à avancer en tâtonnant. Nuit de l'épreuve. Nuit de l'écriture, nuit d'encre où l'on erre de mot en mot. Avec beaucoup de doigté, il guide son lecteur à franchir le cap des situations où à l'instar de ses personnages, il nous faut avancer en aveugle."