on vient au monde
mémoire perdue
il nous faudra
une vie entière
peut-être
pour nous
souvenir
de tout
Dans ce poème-livre, Albane Gellé épure son écriture et ce qui la constitue. On y retrouve ses thèmes de prédilection ou de questionnement : la disparition, l’amitié, les liens que l’on tisse mais, surtout, le lien au vivant, à la joie, à l’amour, à tout ce qui nous fait vivre.
Un autre dont l’absence s’éprouve parfois et qui est ici au cœur du texte. Absence/présence de nos aimés avec laquelle il faut composer, construire et reconstruire. Absence de ceux qui restent dans le brouillard mais dont la présence en creux se ressent de manière encore plus forte ; avec tout autour la vie qui pulse. Car ce poème s’adresse à cette petite étincelle de vie en nous, qui, lorsqu’elle renaît, transforme les épreuves en forces
C’est ce brouillard qui a guidé le dessin d’Anne Leloup. Et plus particulièrement comment il s’inscrit dans le paysage quand il s’immisce entre les montagnes et qu’il reste accroché dans un vallon ou à un caillou. Directement inspiré des paravents japonais où le brouillard/nuage sert de support à la narration, ce brouillard-ci permet d’enchâsser le texte au livre-objet.
Le brouillard se fait alors nuage pour mieux se dissiper.