Il est assis, le dos droit, les mains légèrement suspendues au-dessus des touches, prêtes, le regard fixé sur le clavier, dans une concentration extrême du visage. (...) Sviatoslav Richter joue l’étude opus 25 de Chopin…
Après La porte de Cézanne et Les oiseaux de Messiaen, Nicole Malinconi prolonge dans ce texte sa réflexion sur la création. Au point de départ, il y a le film que Bruno Monsaingeon consacre à Sviatoslav Richter, pianiste virtuose, mondialement célèbre et pourtant si méconnu. Personnage aussi attachant qu’énigmatique, Richter apparaît dans le film, dans des images d’archives mais aussi des témoignages, habité par la musique, le doute, la tentative de perfection... mais aussi farouche, irascible, capricieux. Seule la musique compte, depuis toujours. Il dit le rapport difficile, souvent, au piano et à l’interprétation.
Nicole Malinconi raconte, ce que le film raconte, elle lui superpose sa perception d’écrivain, de femme et de mélomane. On la sent fascinée par l’histoire de l’homme et par l’histoire du film, qui s’arrêtèrent en même temps. Et son récit accompagne Sviatoslav Richter dans « l'absence, au cœur de la plus grande présence ».
Patrick Devreux a déjà travaillé avec Nicole Malinconi, un port-folio de lithographies en est le fruit aux éditions Tandem. Pour Sous le piano, il a réalisé une série d’encres accompagnant la rencontre entre le peintre, l’écrivain et le pianiste. Dessinant l’homme et le piano, Patrick Devreux entre dans l’intimité de Richter pour rejoindre sa propre intimité de peintre et d’artiste, un questionnement qui l’habite depuis de nombreuses années.