En fin d’après-midi, l'été, quand on va s’asseoir avec son livre sur le banc au fond du jardin, il y a de grandes chances pour que, à peine installé, on l’entende, du haut de la cheminée de la maison. C’est toujours elle qu’il choisit, à cette heure-là. (...)
Sur le banc, on quitte un instant son livre et on lève les yeux vers lui qui, là-haut, vous fait face, tête dressée, bec grand ouvert, et lance sans se presser ses phrases flûtées par-dessus les jardins et les toits du quartier, s’arrête un instant après sa tirade, se lisse une plume ou l’autre, étire une aile, puis reprend.
À la manière d’un naturaliste-poète, Nicole Malinconi observe les oiseaux de nos contrées et en dresse le portrait. Elle place au premier plan ceux que nous côtoyons tous les jours, parfois sans leur prêter beaucoup d’attention. L’un construit son nid, tandis que l’autre perfectionne son chant. D’autres sont en partance vers des régions lointaines...
« Observer les oiseaux et restituer leur façon d’être au monde et à la vie, c’est porter l’attention sur l’infiniment petit et mettre des mots sur ce qui semble destiné à ne pas en avoir. C’est aussi donner une forme à ce qui bouge et échappe. C’est un détour du regard pour apprendre à regarder mieux.
Les textes qui s’égrènent sont doux et forts à la fois, marqués par une inconditionnelle et lucide bienveillance. Le conditionnel et le futur donnent chair à l’intranquillité, à la sensation de se tenir sur le fil. L’absence de communication entre celui qui regarde et celui qui est regardé n’empêche pas la relation. Et c’est là finalement ce qui me semble nourrir chacun de ces textes subtils : tisser fil à fil notre relation à ce qui nous entoure – le monde, les êtres, les traces qu’ils laissent. L’insignifiance apparente de l’oiseau devient miroir de notre propre fragilité. La menace de son absence un signe des impasses de notre temps ; son courage, son obstination, sa ténacité comme des invitations à tenir et avancer. »*
Et c’est bien une invitation que Nicole Malinconi nous lance : à ralentir et observer, mais aussi à faire preuve de vigilance.
De son côté, Kikie Crêvecœur prête aussi une grande attention à ces oiseaux de nos jardins. Elle ravira le lecteur avec ses gravures sur gommes : mésange, chardonneret, oie sauvage, chouette, rouge-gorge... autant de portraits évocateurs et poétiques. Elle capture l’oiseau dans son envol, dans son mouvement, dans son chant.
*Anouk Delcourt (librairie Point virgule, Namur)
"Les illustrations de Kikie Crêvecœur magnifient encore les très beaux textes de Nicole Malinconi réunis dans ce petit livre magnifiquement mis en page, qu'on a plaisir à prendre en main, à admirer, à ouvrir à n'importe quelle page. (…) Dans toutes les pages de ce petit livre, c'est la même chanson des oiseaux, aux paroles qui paraissent si simples, si fluides mais qui sont le résultat d'un travail rigoureux sur la langue, aux mots si justes qui sont le fruit d'une observation minutieuse, curieuse et amusée." Jean-Claude Vantroyen, Le Soir, mai 2020. (à lire ici)
"Il y a les oiseaux qu’elle a vus, ceux qui lui en rappellent d’autres, dont elle se souvient, il y a les oiseaux qu’elle imagine, ceux qui ont été soignés, il y a aussi ce chardonneret sur la toile de Carel Fabritius, il y a les oiseaux en liberté, d’autres avec le fil à la patte, il y a aussi l’oiseau qui se tient au bord de, celui qui est dans le cadre de la fenêtre. Il y a ceux dessinés par Kikie Crêvecœur, de gommes et de trait, ils s’accordent si bien à ceux d’encre et de mots de Nicole Malinconi." Michel Zumkir, Le Carnet et les Instants, octobre 2019.
"Du chant des oiseaux à leur murmuration, jusqu’au silence qui les menace, l’écriture de Nicole Malinconi ne transforme rien, elle compose. Pareil en ce sens aux Catalogues d’oiseau de Messiaen – auquel elle a déjà consacré un récit –, les mots se font notes et les notes deviennent sons pour finir par retrouver magiquement leur état de nature. Tout ce qu’on peut en dire, par opposition, pécherait par excès d’artificialité. Il ne reste plus donc qu’à se taire et à vous inviter à découvrir les oiseaux dans le texte." Nicolas Baudoin, Karoo, décembre 2019.
"Ce n’est pas un travail d’ornithologue, mais d’amoureuse, qui les voit vivre et qui nous rapporte ses observations d’amatrice éclairée. Ainsi si les hirondelles ont leur chapitre, le simple petit moineau n’est pas en reste. Et voyez ce que lui inspire le chardonneret. On est entre la nouvelle et la poésie en prose ou presque. Bref, ceux qui aiment ces jolies créatures du ciel trouveront ici un autre motif de les aimer davantage. Et notons au passage les dessins de cette plasticienne compatriote Kikie Crêveœur qui apportent une signature à l’ouvrage lui conférant une qualité d’édition additionnelle." Culturehebdo, novembre 2019
"Un superbe ouvrage qui prend le temps, qui nous emmène dans un monde qui nous entoure, mais auquel nous ne prêtons pas assez d'attention." Libbylit, avril 2020.
"Nicole Malinconi nous invite à prendre le temps d'observer les habitants de nos parcs et jardins, ces hirondelles, mésanges, pinsons, moineaux, chardonnerets ou étourneaux que nous côtoyons sans les voir. A chacun elle consacre un texte poétique qui dit toute la fragilité et la beauté de ces "poids plumes" condamnés à l'intranquillité." Arts et Métiers du Livre, mars 2020.