Comment retenir les rêves, les empêcher de fuir ? L’espace d’un instant, parfois, affleure la présence d’un monde invisible. Des visages, des voix se dégagent de l’ombre. Des figures irréelles, fascinantes, fugaces, apparaissent en songe. D’énigmatiques visiteuses qui, à peine entrevues, à chaque fois s’échappent, se glissent hors de la chambre, laissant flotter l’énigme de cet instant de grâce.
Parce que le monde de la nuit est fugace, il nous manque les mots pour en parler. C’est là que le poème intervient. Dans cet entre-deux, reflet de sensations, de moments évanouis sitôt perçus… Peu importe ce que sont ces visiteuses, ces pensées, ces fantômes, elles sont différentes pour chacun, peuplant les nuits de leurs pas légers.
Le poème de Corinne Hoex se fait scansion, presque chanson, pour évoquer cette fragilité du songe.
Les images de Kikie Crêvecœur – des estampes rehaussées à l’encre – par petites touches sensibles nous emmènent dans un paysage nocturne où règnent apaisement et mystère.
«Dans l’ouvrage Elles viennent dans la nuit de la poète Corinne Hoex et de l’artiste Kikie Crêvecoeur, cinq vers sur chaque page entrent en résonance avec une estampe sur l’autre page. Davantage qu’un dialogue, il faudrait sans doute parler d’un diptyque : les poèmes se voient non véritablement illustrés par les estampes mais, eux-mêmes devenus empreintes fragiles (de par la retenue et la délicatesse qui sourd d’eux), ils sont embrassés et perdus à travers elles – et vice versa.»
Charline Lambert, le Carnet et les Instants, novembre 2018