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[presse] Le sourire du singe


Dans la cage aux singes

Jean-Claude Vantroyen, Le Soir, décembre 2023


 

En quoi notre normalité est-elle rassurante ?

Monique Malfait-Dohet, La revue Lu et partagé, décembre 2023, p. 57 et 58

Une histoire de rencontres, peu banales, un voyage au pays des autres, ceux qui nous ressemblent et, pourtant, ne nous paraissent pas pareils. Pourquoi, comment, en quoi ? Tout est flou, difficile à cerner, frôlant l’étrange, un regard sur les limites de notre identité, revendiquée allègrement, mais finalement peu exploitée. Que veulent dire nos regards, les leurs ? Que penser de toutes ces différences qui nous rassurent, mais en même temps nous ferment d’autres cheminements. Le sourire du singe est-il celui de l’Ogre, du Loup ? Est-il une manière de questionner notre certitude d’être différents, supérieurs, hors d’atteinte ? L’animalité est-elle une chute, une angoisse ou, au contraire, une forme de résurrection ? Difficile, voire impossible de répondre. Les images du livre dévoilent un autre regard, parfois angoissé et, en tout cas, scandé dans une temporalité différente. Certaines doubles pages plongent dans un monde halluciné qui nous rappelle à quel point notre équilibre est toujours instable.

Le récit est une véritable parabole, les illustrations, une secousse plastique. Le livre n’hésite pas à questionner le lecteur : en quoi notre normalité est-elle rassurante ? En quoi même, notre ressemblance nous identifie-t-elle à une identité précise ? Toutes ces questions hantent cet ouvrage, secoué par la difficulté de définir toutes les marginalités qui questionnent notre place dans l’espace social. Un ouvrage à mettre dans les mains de tous ceux qui cherchent à redéfinir les limites de nos certitudes. Sélectionné cette année à Bologne dans la catégorie « non – fiction » (et pourtant...). Un livre à conseiller à un public varié. Celui des adolescents et des adultes, bien entendu. Aussi, peut-être à des enfants un peu plus jeunes qui trouveront des échos de leurs questionnements inlassables. Depuis la nuit des temps, nous nous demandons ce qui nous différencie du monde animal. Nous pourrions aussi nous demander ce qui nous distingue d’une pseudo normalité, aujourd’hui, comme hier et demain. Bref, une occasion de nous confronter à nos interrogations fondamentales. (M.M.D.)

Pour consultez la revue en entier, cliquez ici.


 

Des pépites ! avec Deborah Danblon

Deborah Danblon, rtbf auvio, le 8 novembre 2023

La nouveauté Le sourire du singe à la radio avec Deborah Danblon !

Dans le cadre de l’opération Lisez-vous le Belge ? Deborah Danblon, la chroniqueuse Littérature Jeunesse a dû faire un choix parmi les très belles et bonnes publications, de notre petit pays surréaliste. Alors, pourquoi ne pas opter pour quelques ouvrages improbablement créatifs ? Esprits étriqués, abstenez-vous… Parmis les quatres livres que Deborah a décidé de présenter, nous retrouvons les incroyables Ludovic Flamant et Hideki Oki avec Le sourire du singe.

Merci Deborah Danblon et @VéroniqueThybergien pour ce double focus sur Tendances Première - La Première RTBF dans le cadre de #LisezVousLeBelge. Joli doublé pour Esperluète éditions : deux livres sur quatre !

« ce que la Belgique offre de meilleur en matière d’édition » c’est aux minutes 4’10 et 8’50 et l’entièreté de l’émission ici.

 


 

Le sourire du singe

Chronique de Michel Torrekens pour Le Ligueur, le 12 avril 2024

Impossible de présenter ici tous les livres primés par le label Lu et Partagé. Aussi avons-nous choisi de privilégier un album réalisé par deux artistes et une éditrice belges : Le sourire du singe, de Ludovic Flamant et Hideki Oki (Esperluète). En créant sa maison d’édition, Anne Leloup a voulu l’inscrire sous le signe typographique délicat de l’esperluète, ce & qui représente ici la rencontre entre auteurs, autrices, artistes et lecteurs/lectrices. L’album est probablement celui qui, au sein du catalogue bien étoffé de la maison, représente le mieux cet esprit de rencontre. L’auteur, Ludovic Flamant, est bien placé pour en parler.

« La rencontre avec Hideki s’est faite au sein de l’atelier du CREAHM (lieu bruxellois emblématique dédié aux artistes en situation de handicap mental), entouré de plein d’autres artistes au travail. Je lui parlais, moi, mais lui me regardait en souriant et c’est tout. Simon-Pierre, le directeur, a souri aussi et m’a dit : 'Il va falloir trouver une autre façon de communiquer'. J’ai donc commencé à lire mes albums jeunesse à Hideki, avec une assez grande proximité physique. J’y suis retourné encore et encore, quasiment une fois par semaine. Il me regardait toujours droit dans les yeux, moi je le regardais dessiner tout en prenant des notes sur mes impressions et sur ce que j’observais. Je ne savais pas du tout où nous allions.
Au bout d’un moment, il a commencé à me faire parfois des câlins, à imiter les mouvements de Spiderman devant moi et à me dire tout de même un mot, toujours le même, quand j’arrivais : 'Mangé ?'. Il s’inquiétait de savoir si j’avais faim. Il prenait soin de moi, en somme.

J’ai commencé à comprendre que je ne pourrais pas écrire un livre pour enfant, que j’avais envie de raconter ce que j’étais en train de vivre là. D’autant que les autres artistes présents interagissaient avec moi aussi, chacun à leur manière, me demandant ce que je faisais ou m’invitant à venir voir leurs œuvres de plus près. Ils interrogeaient ma place tout en m’accueillant. Et moi qui continuais à me demander comment communiquer tout en ayant plus ou moins trouvé, c’est-à-dire en étant simplement présent à ce qui se jouait. À chaque séance tout semblait suspendu, hors du temps…
C’est toutes ces impressions que j’ai tenté de raconter à travers une sorte d’allégorie : celle d’un homme qui se demande où il est tombé, quelle place il a au milieu de ceux qu’il ne comprend pas, puis qui finit par accepter l’accueil qu’on lui fait, laissant tomber ses défenses, comprenant qu’il n’est en vérité pas si différent que ceux que l’on dit ‘différents’ et reconnaît en eux ses égaux. »

Cette magnifique rencontre s’est matérialisée sous la forme de l’album Le sourire du singe qui repose d’abord sur les dessins art brut de Hideki Oki, des portraits d’une grande force expressive de singes, parfois farouches, parfois souriants. À partir de ces visages qui semblent nous interpeller, Ludovic Flamand a écrit un texte court sur le ton de la fable. Avec humour et humilité, l’écrivain, par ailleurs animateur au Centre de littérature jeunesse de Bruxelles, esquisse les liens fragiles que nous nouons ou pas avec les autres ou les animaux, proches et différents. Un homme se retrouve par inadvertance enfermé au milieu de singes. Il s’interroge sur sa place, son identité, sa dignité, son rang. Il apprend aussi à regarder les singes sous un autre angle : leur sensibilité, leur langage, leurs capacités, etc. Et, au bout du… conte, à percevoir notre animale humanité. Le ton méditatif et malicieux du texte ainsi que l’étrangéité des illustrations nous amènent à réfléchir sur ces relations qui sont au cœur de notre condition humaine.

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