À cette station il jette
toujours un œil rapide
sur le quai
mais ne l’y voit jamais.
C’est tout de même fou en un an
qu’ils ne se soient jamais croisés...
Un voyage en métro. Des passagers, absorbés dans leurs pensées ou leurs discussions. Ludovic Flamant observe ceux qui l’entourent et s’amuse à imaginer leur vie : d’où viennent-ils? Où vont-ils? À quoi pensent-ils? L’auteur est fasciné par la diversité des gens que l’on croise quelques instants.
Il enchaîne une série de portraits imaginés et touchants. Dans son observation, chaque détail compte : la couleur du rouge à lèvres, le regard qui fuit ou qui rêve... Une femme qui se remaquille, une autre qui s’inquiète pour ses enfants, un fan de super-héros qui regrette de ne pas en être un. Ceux qui veulent attirer l’attention, ceux à qui on ne fait pas attention : SDF, immigrés, monsieur ou madame-tout-le-monde...
Toujours pudique et délicat, le narrateur esquisse plus qu’il ne dissèque, laissant à chaque passager suffisamment de mystère pour que le lecteur puisse rêver.
Les planches de Jeroen Hollander viennent ponctuer ces portraits. Plans de métro, lignes urbaines qui s’entremêlent, se croisent, s’arrêtent. Ses images font penser aux chemins de vie qui se croisent, tentative de géographie des trajectoires humaines.
Ludovic Flamant dédie ce livre aux victimes de l’attentat du 22 mars 2016 à Maelbeek.
« Il suffit de les regarder, de bien les regarder, pour qu’ils redeviennent des êtres vivants, d’un seul regard, par la grâce d’un sourire. Etranges étrangers. Venus de si loin, du bout du monde, et qui sont là, tout près de nous, à nous côtoyer. Le métro, cet étrange château de la Belle au Bois Dormant. Les couleurs un peu passées, un peu pâles, un peu grises, des dessins de Jeroen Hollander. Tout ce qu’ils ont à nous dire, à nous raconter… »
Joseph Bodson, AREAW
« Ce sont des passagers décrits par des passeurs d’impressions. Tout est ici anonyme. On se croise sans se connaître et on ne se rencontre pas. C’est le métro. Un espace étroit au min’ dans un temps réduit au max’. Ludovic Flamant entre dans le détail sous terre et Jeroen Hollander dessine au large dans le ciel. À nous lecteurs de plonger dans l’espace intermédiaire. À nous de faire cette vertigineuse chute qu’est la lecture, de l’œil à la page. »
Tito Dupret, Le Carnet et les Instants, septembre 2018