Petite tante. Tu me devances à grands pas, car ta course est légère. Je fais halte en ce siècle qui convoque ma présence. Je lâcherai prise à mon tour, léguant le crayon à d’autres mains fugueuses. Tout ce qui est écrit s’immisce dans la fresque, témoin de l’échappée. Il fait clair.
Faire ses blancs pains, au Pays des Collines, c’est pétrir le drap du lit comme pour préparer une offrande pour l’au-delà. Ce geste annonce alors que la mort est proche et que le mourant, doucement, se prépare. En trois textes qui s’enchaînent, Françoise Lison-Leroy interroge la place prise par chacun dans sa famille, les présents comme les absents, ceux à la longue vie ou les enfants partis trop tôt. Comme cette tante de deux ans, emportée par la fièvre dans un temps où la vie des enfants était plus fragile.
Au cimetière du village, sa tombe côtoie celles d’autres enfants ; un respect sacré, partagé, inné entoure ce petit coin du cimetière. Sa présence habite les pensées et les promenades de l’auteure. Évocations légères, souvenirs, bribes glanées au fil des pérégrinations, mémoire de la famille... ce qui reste de vie pour ceux qui grandissent. Précédée par cet enfant, l’auteure se sent aussi portée par celle qui lui offre alors une bienveillante attention. Elle tisse un monde où les sentiments se transmettent par-delà les mots.
Diane Delafontaine accompagne ce texte d’images qui, elles aussi, s’ancrent au passé comme au présent. Une manière de faire le lien et de donner au texte une tonalité faite de photos anciennes et de retouches à l’encre.