[presse] Nicole Malinconi, le mot ne dit pas tout

"Dans ce court texte, à travers quinze mots choisis par Frédérique DolphijnNicole Malinconi parvient à dire le processus de l’écriture qui est le sien, et au-delà, livre une réflexion profonde sur le monde dont elle constate l’évolution." Laura Delaye, Le Carnet et les Instants

 


Ecrire l'indicible, dit-elle

Laura Delaye, Le Carnet et les Instants, janvier 2023

"Huitième opus de la collection « Orbe », créée en 2017 par les éditions Esperluète, Le mot ne dit pas tout résulte d’un dialogue entre Frédérique Dolphijn et Nicole Malinconi. La méthode a fait ses preuves et ne change pas ici : Nicole Malinconi se prête au jeu et pioche des petits papiers sur lesquels figurent des mots, choisis par son interlocutrice, qui constitueront le point de départ d’une réflexion sur l’écriture. Le style est spontané, le tutoiement naturel et les silences traduisent les hésitations et les doutes.

Ce n’est pas raconter qui prime pour moi, explique l’autrice, ce serait plutôt le désir de dire « au présent », de laisser aller l’écriture au départ d’une situation, d’un événement, d’un réel…

Dans ce textecomme dans son œuvre, Nicole Malinconi ne raconte pas, elle évoque ses écrits, se dit, à partir de mots posés là sous ses yeux… Des mots qui font écho à ses souvenirs, ses sources d’inspiration, sa conception de l’écriture.

Il y a tout d’abord le mouvement du crayon sur le papier, le mouvement interne de l’écriture et avec celle-ci Duras, Sarraute, Beckett, Blanchot. Ensuite, l’écriture comme une photographie du réel, de l’ailleurs, lieu de mémoire des parents, de ceux qui ont connu la guerre. Puis, les mots comme matériaux d’écriture, l’écriture comme un choix, une laborieuse nécessité, la tentation de fuir avant d’y revenir. Les mots qui disent la douleur des corps : les corps des patientes de l’hôpital, le corps vieillissant de la mère.

écrire à partir des mots des gens, les mots des femmes à l’hôpital, les mots de ma mère, les mots de mon père, les mots de Michelle Martin et les mots non-dits de Michelle Martin. Et aussi les mots des gens de ma génération qui disaient des choses de manière sans doute plus charnelle et plus concrète qu’on ne les dit maintenant.

L’écriture malinconienne est une écriture intransitive, mais qui se dit par et – parfois – pour les autres. Le va-et-vient de la lecture à l’écriture, de la parole à l’écrit, la difficulté à dire le réel font également partie de la réflexion qu’elle nous livre :

parler de l’écriture dans l’écritureC’est peut-être une gageure, dit-elle…

Dans ce court texte, à travers quinze mots choisis par Frédérique DolphijnNicole Malinconi parvient à dire le processus de l’écriture qui est le sien, et au-delà, livre une réflexion profonde sur le monde dont elle constate l’évolution."

 

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