[Presse] Je ne suis pas un oiseau
Remarqué dans Télérama, Revue des Livres pour Enfants, Libbylit et Le Carnet et les Instants.
La Revue des Livres pour Enfants
novembre 2020
La Revue des Livres pour Enfants
février 2020
Télérama
un article de Béatrice Kahn
juillet 2019
Libbylit
août 2019
Le Carnet et les Instants
De ceux qui ont pris la route sans savoir où aller, un article de Fanny Deschamps
août 2019
L’horizon n’est à personne. Il recule. Ne cesse.
Et des ciels beaux d’opéra, lambeaux, tomberont, tragiques, sur une espérance inimaginable.
Il a fallu du temps à Anne Herbauts pour parvenir à parler d’un sujet qui s’imposait à elle, mais qui, par sa gravité, ne pouvait ni être pris à la légère, ni être traité de façon conventionnelle : les migrants, le déracinement imposé. On en parle à toute les sauces, les médias mettent sur le sujet des mots qui déshumanisent, qui enferment. Comment parler des migrations humaines au sens large, en se soustrayant à l’emprise de l’actualité ?
Pendant trois ans, l’autrice a glané des éléments qui faisaient sens. Mots, images, signes, photos ont commencé à créer une nouvelle résonnance entre eux. Leur juxtaposition s’est mise à raconter une histoire et a donné une voix à ce livre.
Sa forme, très peu conventionnelle, tranche radicalement avec ce qu’Anne Herbauts a l’habitude de proposer à ses jeunes lecteurs. Si elle fait toujours un pas de côté par rapport au cadre de l’album classique pour enfants, elle approfondit sa démarche en offrant plus une œuvre plastique et scripturale qu’une narration. Sa densité implique une attention particulière, non linéaire. Parce qu’il est composé de différentes strates accumulées, plusieurs lectures de ce livre seront nécessaires pour lui permettre de laisser toutes ses significations se déployer.
Je ne suis pas un oiseau
Il semble d’abord chanter, ce livre, avec cette phrase en refrain, Je ne suis pas un oiseau. Mais à se répéter, à se décliner, à s’entourer d’autres mots, d’autres sens, le refrain se transforme en plainte, en cri. En refus.
L’oiseau migre par nature. L’homme, lui, n’est pas né pour ça. Lorsqu’il le fait, c’est, depuis la nuit des temps, contraint et forcé. Et l’horizon qui s’ouvre alors à lui, quels que soient ses espoirs, se révèle souvent être un mur.
Des ciels en parpaing, des clairières vermoulues et drapées de barreaux, ça ne donne rien, que des journées tristes.
Anne Herbauts associe à ses mots des photos de mer, de débris échoués sur la plage, des dessins, des reproductions en noir et blanc d’œuvres de l’histoire de l’art, des signes d’alphabets cunéiformes – semblables à des pattes d’oiseau – utilisés en Mésopotamie puis dans le Moyen-Orient plus de 3000 ans avant JC. Tout ramène à une dimension universelle, à l’histoire de l’humanité, qui s’est construite avec ces déplacements de populations. Elle rappelle aussi qu’être ballotés, sans foyer, ce n’est pas ce à quoi les hommes aspirent.
Avec cette œuvre radicale, Anne Herbauts réussit le tour de force de traiter d’un sujet complexe avec justesse et sincérité, sans chercher à délivrer un message, mais en ouvrant plutôt des portes, des sens, sans jamais simplifier, ni lisser.
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