Parce qu’il faut dire que ce novembre-là fut un novembre doucement magnifique : un mois étrange, tendrement écartelé entre été et hiver, en toute absence d’automne, passeur de saisons. Un mois écorché tendre.
Parce qu’il faut dire qu’en ce mois-là, tout ruisselait de bonheur humide et que ce mois-là moissonnait de secrètes évidences.
La mer était là, obstinément magnifique.
Et le ciel, et ses cris d’oiseaux, obstinément magnifiques.
Et la terre était là, portant son beau nom d’Ambleteuse, sonnant comme jument libre, qui galope et hume la mer.
Parce qu’il faut dire qu’en ce novembre-là, la mer était lisse. Plus lisse que peau de limande étoilée.
Parce qu’elle était là,
Parce qu’elle était la mer.
d'Ambleteuse et d'elle, au plus près conjugue et noue deux expériences, à la fois poétique et amoureuse. Ce recueil dit l'univers marin des côtes du Nord, les ciels gris et les vents mauvais, cailloux et oiseaux perdus, falaises et bunkers... Et derrière l'univers féminin de cette mer se compose l'hommage à elle, aimante, nue, charnelle, qui « rayonne, flamberge et fustige le ciel ».
L'écriture de Paul André relève de la méditation, d'une certaine lenteur ciselée, rythmée par les flux et reflux des mots, leur flagrance sonore. Poète du nord et de la frontière, voyageur du sud et des pays à découvrir, Paul André livre ici un texte sensuel comme une mélopée.
Les dessins d'Alain Winance accompagnent de courbes, de traits et de masses ce texte. Issus d'une expérience picturale au plus proche de la nature d'Ambleteuse et de la côte nord, ces dessins vigoureux tranchent et révèlent la structure du texte.