Gilgamesh est mourant.
Je suis à quelques pas de lui, dans cette pièce carrée, sobre, où il est couché, sans forces, depuis quelques jours.
Je suis assis sur le tabouret de bois sur lequel je m’assieds quand il s’agit d’écrire pour mon roi. Je suis à quelques pas de lui, un peu en arrière, sur sa droite.
Le soir vient. La lumière est douce aux yeux et à l’instant, mais imprécise au regard. Cela m’accable. Je veux voir. Je ne veux rien perdre de ce qui se passe sur ce visage, dans ce corps, dans ces mains. Tous ces moyens humblement humains du corps, que disent-ils de lui, de mon roi aimé, en cet instant unique?
« Gilgamesh, le puissant roi d'Uruk, est mourant. A son chevet, deux personnes : le scribe Sînleqe' unnennî et Shamat, la prêtresse, la femme aimée. La mort proche fouette les mémoires et pose de terribles questions. Elle révèle le difficile retour à soi et à la vie qu'exigent les départs et les séparations.
En donnant suite, par cette fiction, au texte traditionnel de l'épopée de Gilgamesh, qu'en tant que conteuse elle raconta maintes fois, Myriam Mallié prolonge par l'écriture sa réflexion méditative sur la présence vivante des figures du mythe dans nos vies. Elle témoigne ainsi de la force agissante de ces présences dans l'âme contemporaine.
Tant la mise en perspective que l'extraordinaire oralité de ce texte, sa part épique, sa force d'appel, de profération, en font une œuvre puissante qui redonne vie au mythe sans jamais le dénaturer, et nous émeut autant qu'il nous donne à méditer sur les grandes questions de l'humanité. »
François Emmanuel