Mon métier est de lire et d’être transformée par ce que je lis.
Une introduction dialoguée avec une pensée foisonnante…
Philosophe des sciences, Isabelle Stengers a la réputation d’être à la fois difficile à lire et profondément transformatrice. Sa pensée nous entraîne de Dumas aux sorcières néo-païennes, de Deleuze à une nécessaire présence au monde. Elle redimensionne notre rapport au temps et nous fait voyager à travers les strates de pensées qui fondent son travail.
C’est par l’écrit qu’Isabelle Stengers propose au lecteur de se mettre en mouvement. Dans cet entretien, elle évoque ce que la lecture demande au lecteur : l’importance d’être conscient du type de rapport que l’on entretient avec une lecture, de ses offres de transformations, mais aussi des possibles empoisonnements dont elle est parfois porteuse.
Elle partage ses rencontres avec les auteur.e.s lu.e.s, rencontré.e.s ou encore ceux et celles avec qui elle a écrit et laisse percevoir les chemins d’écriture qui l’animent. Toujours, elle pose la question de l’après : quelle est notre capacité de sentir un texte et de nous en nourrir pour en faire quelque chose de neuf ?
Isabelle Stengers dit son rapport aux mots, à l’écriture, au monde, et nous demande de parcourir des lieux d’expérimentation et d’apprentissage pour partager des trajets de pensées pensantes.
"L’agencement produit par le dialogue entre les deux interlocutrices révèle l’importance de l’épaisseur, de la sève des mots, de la saveur des phrases pour Isabelle Stengers. « Quand on a affaire à eux [les mots], pour l’écriture d’un texte qui n’est pas trivial, ils prennent vie, ils prennent exigence… Ce ne sont certainement pas de simples instruments de communication, ce sont des pouvoirs qui réclament qu’on passe par leur pouvoir, qu’on ne les soumette pas à nos intentions ». Se laisser questionner, ébranler par un problème exige de se laisser traverser par les mots, d’écouter ce qu’ils génèrent."
Véronique Bergen, Le Carnet et les Instants, janvier 2019