Vous n’aurez pas Papa. Vous ne l’enfermerez pas dans vos cages à momies, sans herbes ni bouloches. Il n’a ni l’âme guerrière ni l’allure d’un fantôme. Et s’il fugue, les nuits de pleine lune, c’est pour happer ce cri perdu depuis l’enfance. Celui que vous cherchez vous aussi en empoignant vos livres, vos cartes magnétiques, vos écrans fondateurs.
Jaloux. Vous voyez bien qu’il trouve, lui, son diamant. Cela vous peine ?
Un homme garde des bouloches au fond de ses poches. Parfois il les tient au creux de la main. Il en aime la rondeur et la douceur. Par elles, il se rassure, reste au monde ou se souvient de l’enfance.
C’est un père sous l’œil de sa fille. Elle le regarde partir. Le moment présent n’a plus prise sur lui. Les souvenirs s’effacent. Et s’il s’agit de l’oubli et de la perte, on lit surtout l’amour et la vie qui unissent ces deux-là.
Françoise Lison-Leroy offre un texte fort, où l’observation de la vieillesse du père se teinte tour à tour d’émotion, d’humour, de tristesse, et toujours de tendresse. Il y a de l’âpreté dans cette écriture qui évacue tout sentimentalisme et toute complaisance, qui dit les choses comme elles sont.
Pascaline Wollast répond par des dessins noirs, emplis de matière, où la terre et le personnage se confondent. Le jardinier, le jardin, les animaux, les bouloches deviennent sous son trait les objets d’une géographie de l’intime.