Pour chacun d'eux il y a le creux
du temps et le plein du désir.
Ce court récit de Frédérique Dolphijn relève de l'indicible, du désir secret qui nous hante lorsque l'autre dans son absence nous poursuit encore. Désirer quelqu'un, l'attendre, se surprendre, soupçonner sa présence... Il sait qu'elle est dans la trop grande maison. Il sait qu'elle est pieds nus sur le carrelage. Il attend, lui aussi, debout lui aussi.
Brume de silence. La maison aux grandes fenêtres ouvertes s’habite d’une respiration douce.
Deux pieds nus sur le carrelage frais. Deux pieds nus. Une femme debout dans sa verticalité, calme, le bassin ouvert et large d’enfantements .
Elle a les yeux fermés. Ses mains et ses doigts sont relâchés. La femme fait dos à une imposante porte de verre.
Sa soif de lui est gigantesque. Démesure. Sensation d’un corps trop petit pour contenir une telle force. Son souffle aux parfums de pamplemousse se distille dans l’après-midi. La densité de son désir est perceptible.
Il ne la voit pas.