Cher peuplier,
C’est le mot souffle qui m’arrive lorsque je pense à toi, le frissonnant, le palpitant. On dirait que le vent ne quitte jamais vraiment tes branches ! Tes petites feuilles s’agitent et se démènent avec autant de grâce que de légèreté, écoutons-les nous dire mille et mille choses qui nous réveillent, et plus encore.
Albane Gellé nous propose trente-six portraits d’arbres de nos régions.
Avec rigueur et sensibilité, elle s’adresse à chacun de ces arbres choisis avec soin et s’attelle à les décrire, à dresser un bref portrait de leur histoire, leur provenance, leurs vertus, les mythes associés…
Elle invite le lecteur, en douceur et sans jamais rien imposer, à la rejoindre dans cet hommage à la nature et au vivant, à ce qui nous entoure en silence.
De sa plume poétique, elle nous convie à prendre le temps de s’arrêter un instant, le temps de considérer ces arbres qui nous entourent, les saluer, les remercier.
Les textes d’Albane Gellé sont accompagnés de dessins en noir et blanc de Séverine Bérard. Avec délicatesse, elle s’attarde sur le détail d’un arbre, un bourgeon qui éclot, une feuille qui se déploie, une racine qui cherche son chemin sous la terre, une cîme qui se dresse vers la lumière du ciel, une branche en hiver prête à reprendre vie à l’arrivée du printemps.
Cher arbre est un livre qui vient du cœur, une invitation à prendre soin de nos chers arbres.
« Je ne connaissais pas grand-chose aux arbres, et ne me documentais pas non plus comme je pouvais le faire pour les animaux, mais mon attachement pour eux était naturel et vigoureux. Je sentais qu’ils étaient, avec les animaux justement, de mon côté, du côté des silencieux et des innocents. De véritables complices.
Il y a vingt ans, j’ai rencontré un homme dont le rêve d’enfant avait été de reverdir le désert en y plantant des milliers d’arbres. Nous vivons aujourd’hui tous les deux dans un lieu enchanté au cœur duquel il plante chaque année des centaines d’arbres. Des arbres qui transforment la terre, qui font revenir les oiseaux, qui nous permettent de pouvoir rester dehors, au plein sud de l’été brûlant. Il plante des arbres qui feront des forêts, comme les chevaux vivent en troupeau. Des milliers d’arbres bientôt, pour toutes sortes de petites forêts ici et là. Il plante des forêts dans lesquelles il n’y aura ni exploitation ni chasse, il plante des forêts pour elles-mêmes, ce qu’elles sont, ce qu’elles offrent à la terre, et pour la vie qui renait avec elles.
Alors comme rien n’est séparé de rien et comme je vis auprès de cet homme qui plante des arbres, qui me parle des arbres, qui m’apprend chaque jour mille merveilles les concernant, il était naturel que je leur écrive aussi des lettres. Trente-six lettres pour commencer. Par amour pour eux, par amour pour lui. »