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Merlito? Je t’entends. Où es-tu?
Ainsi commence l’histoire ; par son chant, un merle signale sa présence à l’enfant. Tous les jours, il apparaît, disparaît, chante et puis se tait. Il fait partie du quotidien de l’enfant, une présence familière, rassurante. L’enfant éprouve une vraie joie à le voir ré-apparaître chaque jour ; mais où est-il quand il ne le voit pas ? Alors, l’enfant le convoque dans son imaginaire.
À travers la présence familière du merle, l’album met en musique l’une des questions importantes pour le tout petit, celle de l’apparition-disparition, de la présence-absence. Celui qui s’en va, revient-il ?
Les images et la narration permettent de s’identifier à l’enfant et son ami-merle, le petit lecteur se retrouvera sans nul doute dans cette histoire d’amitié.
Florence Gilard invite le petit lecteur à plonger dans l’image et à expérimenter ce jeu de cache-cache. Un dispositif simple qui plaira à coup sûr aux tout-petits.
C’est votre tout premier album jeunesse, comment est né ce projet ?
Cela faisait plus de deux ans que j’avais ce projet en tête et que j’y pensais beaucoup. Il s’est élaboré silencieusement. J’ai pris des notes durant tout ce temps, je pensais à sa construction, des images me venaient… Il est né de plusieurs éléments. D’une histoire avec un petit merle, que l’on avait quasiment apprivoisé, et de la place qu’a pris cette présence (Tiens ! Où est-il en ce moment ? Dans le jardin d’à côté ? Parti ? Reviendra-t-il ?). Par ailleurs, le chant du merle à la tombée de la nuit me bouleverse. On touche là au sacré peut-être, à une forme de transcendance… La musique c’est un langage très puissant émotionnellement (on peut ne pas parler la même langue et tout à coup se rejoindre, être émus à l’unisson à la simple écoute d’une musique). À la même période, dans une crèche où j’intervenais, un petit garçon était lui focalisé sur la présence — absence d’un chat, qui traversait de temps à autre le jardin de la crèche. Il est arrivé qu’il m’interpelle, en désignant par la baie vitrée le jardin déserté : « chat, chat ». Tous ces ingrédients se sont agrégés pour faire récit.
Un article de Gabriel dans La mare aux mots, mars 2022.
Les illustrations à base de collages et de crayon dessinent un univers à hauteur d’enfant : la maison – cadre de l’histoire, du retour jusqu’au coucher – les jouets, l’encadrement de la fenêtre. Par contraste, le monde du dehors, celui de l’oiseau, esquissé par quelques tâches d’une encre fluide, apparaît plus mystérieux. Le texte est simple et se résume au chant répétitif de l’oiseau entrecoupé de brèves interrogations. Mais c'est un livre qu’on peut lire en réalité de multiples façons et qui se révélera un excellent support pour jouer avec l’enfant sur le mode « coucou, je suis là ! ».
Entre les lignes, les silences laissent la part belle à l’imagination : où est l’oiseau quand il ne chante plus ? plane-t-il au-dessus de la maison comme le suggère l’enfant en dessinant ? Que peut-il bien y avoir derrière le cadre de cette fenêtre ?
Un article d'Ariane Duclert sur le site de Ricochet, mai 2022.