On sonne.
Hop ! J’attrape mon sac, j’enfile une légère veste de soie, je descends prestement l’escalier et me jette dans l’infini de la nuit étoilée... Je rejoins mes amis qui, tout guillerets, m’emmènent à une petite fête.
A peine arrivés, ils se précipitent vers des connaissances et disparaissent en me laissant seule au milieu d’une foule inconnue.
Dominique Loreau écrit étrangement d'étranges histoires. Elle nous entraîne de l'autre côté du miroir, en des lieux incertains, tissés de songes et d'inquiétudes. Chacun de ses récits est la retranscription d'un rêve où nous perdons progressivement nos repères, comme un piège où nous pouvons nous égarer et disparaître. Il y a dans L'eau du bain une attirance pour ce qui suscite l'effroi qui nous séduit, car l'enjeu de cette mise à l'épreuve est avant tout d'en exorciser les funestes conséquences. Dominique Loreau met en place les éléments qui vont permettre d'enrayer la mécanique de l'effroi jusqu'à la rendre inopérante. Et c'est là où les qualités de son écriture font merveille. Sans avoir l'air d'y toucher, avec une innocence qui est déjà du grand art, Dominique Loreau fait de chacune de ses nouvelles une petite perle d'humour noir et libérateur où s'opère un détournement du conforme, tonique et vivifiant.
Une magie et un charme opèrent entre le sérieux de ce qui se dit, de ce qui se joue, et la fausse désinvolture d'une écriture sans faille.
Les dessins de Loustal font écho de manière subtile aux textes : les personnages, tout à la fois expressifs et impassibles, semblent traverser une aventure, dont le sens leur échappe, mais qui doit être vécue jusqu'à ce que tout soit consommé...