si familières
que l’invisible
les escamote :
les choses d’ici bas
Dans ce livre de poèmes et de photographies deux univers entrent en résonance en un subtil jeu d’échanges.
Serge Meurant et Jacques Vilet ont recherché une lumière commune, un accord entre les mots et les images. Leur dialogue s’articule autour de cinq moments : Les enfants, les portraits intitulés Silences, les natures mortes ou Paysages domestiques, les paysages titrés Traversées et Panorama.
Un va-et-vient fécond s’installe entre mots et images. La pensée du lecteur chemine de l’un à l’autre. Un mur, surface marquée par le temps, introduit le livre. Il pose un temps d’arrêt et invite le lecteur à s’interroger sur le présent qui donne à voir, sur le chemin qui est rarement en ligne droite, sur l’éternité des instants quotidiens.
sous le voile noir
le photographe
ébloui
—
J’ai photographié le présent. Le présent n’est pas que l'instant de la prise de vue, le présent est aussi les deux pommes ou le sentier ou la montagne ou Sara trouvés devant moi. Je me pose souvent la question du pourquoi et du comment ils se sont offerts à ma boîte obscure. Ces instants sont éternels.
—
le soleil aveugle
la page blanche
où je trace un chemin
—
Le verre dépoli est le lieu où se rencontrent le monde tangible, palpable, et mes aspirations, mes rêves. À sa surface intouchable, au compte-fil, je pince un à un tous les rayons de lumière. L’image que j’obtiens sur le papier sensible est l’inénarrable métaphore, où je viens lire le dialogue secret entre deux mondes.
—
la voix murmure
et s'éteint
silence le noir est paisible
là où personne ne pénètre
quelqu’un attend
Serge Meurant
Jacques Vilet