Ça commence comme une promenade. Une promenade pour rien. Parce que la journée est belle, qu’on ne va pas rester enfermé par une si belle journée, que de toute façon on n’a plus rien à lire et qu’on aimerait marcher en plein soleil. Et puis c’est au cimetière parce que c’est le plus proche. C’est juste en face. Il suffit de traverser la rue. C’est la première chose qu’on voit le matin en ouvrant les fenêtres. Le premier regard est pour les tombes. Donc on est là, à se promener entre les tombes. Et c’est l’été. N’importe quel été, un peu vers la fin. Et c’est une chaleur déjà défaite. Et c’est l’heure où la lumière devient douce entre les arbres. Où les ombres des pierres s’allongent. Où les allées se vident. Et avec le vide, le silence revient. Et c’est très beau.
Il arrive que la mémoire soit malhonnête, ou qu'elle se trompe, ou qu'elle mente. Il arrive aussi que la mémoire pleure, comme pour oublier, comme si c'était possible.
Une histoire qui commence comme une promenade. Un été qui se partage entre les mots, la musique et le plaisir. Tout cela ressemble au bonheur, à un excès de bonheur que le récit rompt et nie brutalement. Jusqu'à l'absence de souvenir.
Annick Ghijzelings se souvient ici qu'elle oublie. Son écriture sonde le lieu de la mémoire dans sa défaillance et questionne la vérité du souvenir.
Anne Leloup accompagne la promenade, du début à la fracture, puis dans le souvenir. Des images qui se jouent de l'effacement, de l'absence et du manque.