Je vois le ciel, et la terre, et les arbres, les voitures, la route, les maisons. Je ne les dessine pas. Je ne vois pas les formes qui m’habitent. Je vois le contour des choses, leur poids, leur mesure. Je vois le temps qui passe, qui use. Je vois les enfants qui courent et la femme qui marche. Je vois les hommes qui vivent, respirent, meurent au moment où je dessine. Et puis, je ne vois plus rien, ne sens rien et commence à suivre le trait qui chemine puis s’arrête.
Dessins, peintures, lithographies, gravures, formes découpées, carnets de croquis, Anne Leloup explore différents supports tout en gardant une continuité dans la recherche du trait et de la couleur. Car il s’agit d’explorer ce qui ne se donne pas à voir immédiatement, les accidents, les blancs, les vides, les passages, comme autant de moments de rupture entre le dessin et sa représentation. Des formes émergent alors, parfois des visages, un végétal, un caillou… Chaque œuvre raconte une histoire et nous invite à en faire partie.
Les notes d’atelier – directement extraites des carnets de croquis qui accompagnent l’artiste au jour le jour – ponctuent le livre. Par petites touches délicates, avec pudeur, s’égrènent les mots qui éclairent le travail ou en interrogent le sens.
A l'agenda !
Apéro festif pour la sortie du livre le samedi 11 mars 2017 à partir de 16h à la Foire du Livre de Bruxelles (stand 241) !
"La particularité d’Anne Leloup, la plasticienne ? Ne pas chercher. Ne pas provoquer. Ne pas contraindre les choses à se poser sur le papier, sur le carton, dans le carnet. (…) Regarder distraitement les herbes, les graminées, les voitures, les chiens, les fleurs, les enfants, les vieillards. Non qu’elle chercherait à capter l’image singulière, le truc machin chouette qui retiendrait son attention. Non. Le truc d’Anne Leloup serait plutôt d’aller sans rien vouloir. De laisser sa machine à sensations et émotions se remplir comme qui dirait toute seule. Puis de revenir à l’atelier. D’ouvrir ses carnets. De poser devant un grand ou un petit format. De laisser alors les choses venir, comme d’elles-mêmes. Herbes, couleurs, tâches, bouts de corps parfois, formes étranges ou familières, prenant place grâce aux traits. Aux lignes souples et tranquilles qu’Anne Leloup trace sans trop y penser sur la surface du papier. Les seules choses qu’Anne Leloup contrôle : les traits doux, les couleurs franches, toutes choses qui, sans doute, la portent, l’incitent à entrer dans un état très réceptif, de quasi « rêverie », en tout cas de forte émotion intérieure. De sorte qu’Anne Leloup tire un trait, puis deux, puis quelque chose survient, une fleur, une femme esquissée d’où des tiges sortent de la bouche. Et puis voilà : c’est fait. C’est dessiné, gravé, peint."
Vincent Tholomé, Le Carnet et les Instants, juin 2017
"C’est à Anne Leloup que l’on doit les merveilleuses éditions belges de littérature et de poésie Esperluète, une maison à l’esthétique tout à la fois fine et puissante et aux choix éditoriaux audacieux, qui fait la part belle dans la rencontre entre les mots et l’art plastique. Il était temps que la maison édite enfin un catalogue (qui, bien sûr, n’en est pas vraiment un) représentant les œuvres d’Anne Leloup … Parce que l’éditrice est également peintre lithographe, et qu’on reconnaît indirectement en ses œuvres ce qui peut mener à de si grands livres."
Victoire de Changy, Mu in the city - visual arts magazine, juin 2017