Un album à lire en symétrie où l’on est invité à suivre deux ours jusqu’à leur rencontre... puis à recommencer !
Après deux hivers,
chacun le sien,
les ours se sont rencontrés
au printemps.
D’un côté papa-ours se réveille après une longue hibernation. Ravi de se retrouver à l’air libre, attentif au vol d’une libellule, d’un rouge-gorge, d’un rayon de soleil, il se met en chemin…
De l’autre côté, au même moment, maman-ours se réveille et explore les paysages en fleurs qui l’entourent. Elle aussi se met en chemin…
En symétrie, de part et d’autre de ce double livre (qui se commence d’un côté ou de l’autre), de pirouette en cabriole, les ours cheminent et se rapprochent petit à petit.
Leur progression l’un vers l’autre est égrenée par une comptine marabout-bout-d’ficelle qui bien vite nous emmène dans la poésie joueuse de la rencontre amoureuse.
Le tête-à-tête deviendra peau-à-peau au cœur du livre à l’ombre d’un grand arbre,
tout au centre de la reliure, qui n’aura jamais aussi bien porté son nom !
Anne Herbauts signe ici un livre tout en légèreté et facétie, d’une apparente simplicité.
La construction de la comptine et les dessins très expressifs des ours en font un récit qui réunira petits et grands autour d’un sujet universel.
Vous le saviez, vous, comment on fait les bébés ours? Moi, je savais tout juste qu’ils dorment une bonne partie de l’hiver. Alors, quand ils s’éveillent, cela doit être quelque chose de fabuleux, un peu comme le sacre du printemps, avec des cymbales, tout un orchestre de fantaisie; comme chez Stravinsky. Eh bien, non, ce n’est pas tout à fait comme cela, dans le livre d’ANne Herbauts, où les deux N de son nom jouent à saute-mouton, à peine sortis de leur antre. Et puis, quel drôle de titre, pour un livre, et par où faut-il le prendre? A l’envers ou a l’endroit, en avant ou en arrière? Hé bien, je crois qu’il faut suivre son bon plaisir, en flânant, en batifolant. C’est que le printemps, aussi, il n’est pas toujours là quand on l’appelle. (...)
Des couleurs plates, mates, savamment mariées, avec çà et là. Des ailes de rossignol, des rayons jaunes, le tout parfois à peine esquissé. Un mélèze rouge, un scarabée brun et cette goutte, cette merveilleuse goutte de zeste glissant dans son duvet. (...)
Des feuilles bleues.. Et puis, des volatiles éclos…oui, c’est le sacre! L’éclosion de joie, l’ours qui frotte sa peau contre celle du mélèze. Mais, nous repartons dans l’autre sens, ce sera bientôt la fin de l’hiver, les couleurs se festonnent, s’attendrissent… tout devient grêle et suave. La menthe d’eau mérite une couleur à elle seule, la plus douce, la plus caressante. Il y a encore le dos doré, bien d’autres choses encore.
Article de Joseph Bodson dans AREAW, novembre 2021.