Ce soir, à l’izakaya, ce conseil de Tateki : « si un jour tu veux
raconter le Japon, prends des ciseaux, coupe des petits et des
grands morceaux et jette tout en l’air. »
Sur le fleuve Tama, ce mardi après-midi, j’ai vu une course de
barques depuis le train. Une course de barques en pleine semaine
du mois d’avril, pour que les curieux et tous ceux qui n’habitent
pas le quartier ne viennent pas déranger les concurrents et les
organisateurs. Pour l’occasion, la pluie s’était arrêtée et on grillait
du poisson sur la rive.
Un Français installé au Japon y enseigne sa langue à des Japonais passionnés par les complexités de la conjugaison française. De son regard d’étranger, admiratif et étonné, curieux et séduit, il observe les gens – les jeunes, les vieux, les salarymen, les spectateurs endormis au Kabuki –, la nourriture – les ramen, les biscuits de riz, les élégants gâteaux de gelée –, la nature – les grenouilles, les cerisiers, les oiseaux, les cèdres, et l’eau, surtout. Les lacs, la mer, les sources chaudes, la pluie, les fleuves, les vagues noires des tsunamis meurtriers.
Avec une écriture dépouillée, contemplative et sans artifice, Benoît Reiss décrit quelques moments de cette vie, fragments découpés dans le continu de l’existence, autant d’instantanés qui racontent la beauté et la poésie des « petites choses » du quotidien nippon.
Les encres de Chine de Junko Nakamura, entre paysages exotiques et détails ordinaires, ponctuent ce récit et habitent l’espace entre ces « notes découpées », qu’elle rassemble d’un trait de pinceau.
Exposition des originaux de Junko Nakamura à la Librairie des Editeurs Associés (Paris, 6e) du 16 octobre au 10 novembre. Rencontre et lecture le vendredi 26 octobre à 19h, en compagnie de l'artiste Junko Nakamura et de l'auteur Benoît Reiss.
« Pour mettre un peu de Japon et de poésie dans votre quotidien, rien de tel que ces notes découpées qui dressent un portrait émouvant du Japon sous les yeux d’un Français qui s’y est installé. (...) Accompagnés des superbes encres de Chine de Junko NAKAMURA connue pour ses illustrations d’ouvrages pour la jeunesse, les textes évoquent toutes les facettes d’un pays attachant : aquatique avec ses lacs, ses rivières, ses sources chaudes, mais également ses typhons et ses vagues destructrices, gastronome avec ses nouilles, ses biscuits, ses gelées comme des rivières, et surtout habité par des Japonais qui fascinent l’auteur lorsqu’ils dorment pendant le spectacle de Kabuki, aiment apprendre le français pour la complexité de sa conjugaison ou somnolent épaule contre épaule dans le train qui les ramène chez eux après une grosse journée de travail. (...) Un petit livre pour humer et admirer le Japon. »
Alice Monard, Le Journal du Japon
« Ainsi ressort de cette lecture toute la délicatesse de qui sait voir, écouter et ressentir au filtre d’une culture singulière, si différente et si attirante. »
Lolqat, Le Triangle Masqué
« Ces pages, faites de petits riens que les noms en japonais habillent, certes, d’exotisme, nous rappellent que notre vie à tous, de ce côté-ci du globe pareillement, est faite de respirations, de nonchalance, de détails, que courir après les sensations fortes camoufle le bonheur de vivre en pointillé. Ainsi se déroule la vie sereine de l’auteur attentif, curieux, à petits pas oserais-je ajouter, rappelant ceux des geishas qui glissent pareillement dans les estampes japonaises ou les rues de Kyoto. Hors du temps. (...) Il en est de mêmes des notes de ce petit livre, à la fois poésie et impressions de voyage, dont chaque relecture dévoile un subtil détail, une nouvelle observation faite pour nous au Pays du Soleil Levant. »
Isabelle Bielecki, AREAW